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Raymond RITTER

Raymond RITTER (1894-1974)

Créateur et premier rédacteur en chef de "Pyrénées"

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Raymond Ritter dans sa quarantième année
(Collection J. Labarère)

Homme de lettres, historien, collectionneur d’art, journaliste, sauveur d’un chef d’œuvre en péril, conférencier de talent, paladin du Parc National, les talents de Raymond Ritter étaient multiples et variés. Historien, il nous a laissé quelques livres d’importance sur Catherine de Bourbon, Corisande d’Andoins, Henri IV, Gabrielle d’Estrées, Marguerite de Navarre, la maison de Gramont ou le maréchal Bosquet. Spécialiste d’architecture militaire, il a écrit sur le château de Pau ou les constructions de Gaston Fébus en Béarn. Défenseur de l’environnement avant que ce ne soit la mode, il a longtemps bataillé contre les projets de captage des eaux de Cauterets par EDF, puis milité en faveur de la création du Parc National et, quand celui-ci fut une réalité, créé l’association des amis du Parc National.

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Château de Morlane

Amateur d’art, il a restauré la vieille forteresse de Morlanne, et rassemblé en ses murs une estimable collection de mobilier et d’œuvres d’art ainsi, il va sans dire, qu’une imposante bibliothèque. Promoteur d’un tourisme « intelligent », il fut, par exemple, l’initiateur de la « Route des preux et des maréchaux », itinéraire touritico-historique à travers les départements des Hautes Pyrénées et des Pyrénées atlantiques. Mais il fut bien plus que cela.

Pierre Tucoo-Chala, dans notre numéro spécial de 1994, a bien résumé la féconde carrière de son ami Raymond Ritter : « Énumérer ce qu’il fut revient à composer une litanie qui pourrait apparaître hyperbolique alors qu’elle ne fait que refléter la réalité. Il fut tour à tour, et souvent en même temps : historien sachant restituer le passé avec l’art d’un grand reporter qui aurait été témoin des événements ; journaliste et polémiste doté d’une plume acérée qui lui valut bien des inimitiés, mais également fin lettré capable d’écrire de remarquables pastiches ; il fut aussi photographe en un temps où les appareils impliquaient vigueur physique et minutie dans la mise au point ; mais le photographe fut aussi dessinateur maniant la plume comme le pinceau, capable de restituer plans et silhouettes des monuments disparus. Car l’historien fut aussi archéologue. Ce fut encore un brillant avocat, et un collectionneur avisé de livres, de manuscrits, d’œuvres d’art. Amateur de bons repas, redoutable connaisseur dans le domaine des vins, il aurait pu se contenter de jouir, en bon épicurien, de ses trésors rassemblés d’abord dans sa « Lézardière » à Pau, puis dans son château de Morlanne et n’en faire profiter que quelques amis. Ceci aurait été contraire à son goût pour l’action, son désir d’imprimer sa marque au monde qui l’entourait. Ses campagnes de presse permirent, entre autres, de sauvegarder les remparts de Navarrenx, les cascades de la région de Cauterets, d’inciter à la création du Parc National des Pyrénées ; sans lui les trésors du château de Laas ne seraient pas devenus propriété départementale. Après avoir assuré la survie du Bulletin Pyrénéen depuis 1933, il en fit la revue « Pyrénées ». Infatigable rédacteur en chef de cette revue trimestrielle dont il façonna le fond et la forme avec le souci de doter chaque livraison d’une couverture adaptée au contenu et ayant valeur artistique, il la dirigea jusqu’à la veille de sa mort, assumant la responsabilité de 99 numéros. »

Justement, intéresserons nous de plus près au sujet qui nous occupe : la revue « Pyrénées » qu’il porta sur les fonds baptismaux en 1950. A vrai dire il ne partait pas de rien puisque, depuis le décès d’Alphonse Meillon en 1933, il assurait la charge de rédacteur en chef du Bulletin Pyrénéen créé en 1896, et dont « Pyrénées » est l’héritière par filiation directe. Cette longue période, de 1933 à 1948, où il assurait la continuité du Bulletin en collaboration étroite avec Louis Le Bondidier et le docteur Paul Fayon, lui permit de jeter les bases de la revue qui était appelée à succéder au « vieux » Bulletin, et devait paraître en 1950 sous le nom de « Pyrénées » et sous son entière responsabilité, le financement étant assuré au départ grâce à une subvention conséquente du Musée Pyrénéen et, plus tard, par la vigilance attentive d’Urbain Cazaux.

Dans le numéro 3, il exposait ses objectif pour la jeune revue : « nous cherchons à faire de « Pyrénées » une publication qui, participant tout ensemble de la revue au sens classique du mot, et du magazine, allie la sévérité scientifique à la fantaisie littéraire ou humoristique, le rétrospectif à l’actuel, l’art pur au réalisme pratique, la belle et plaisante image au document austère ou au calcul abstrait et sache aussi, s’il le faut, ne pas hésiter à critiquer, à polémiquer, à combattre, car nous avons des vérités à maintenir et des intérêts à défendre. A une époque où la presse, hélas ! est, à de trop rares exceptions près, « engagée » ou dépendante, « Pyrénées » qui, hors de toute inféodation plus ou moins occulte et de toute hypothèque inavouable, réunit des hommes d’opinions politiques fort différentes mais qui se piquent d’être d’honnêtes gens animés de la seule passion du bien public, « Pyrénées » est et demeurera une tribune libre, toujours ouverte à la discussion. »

Il ajoutait plus loin : « En un mot, nous voulons être le miroir exact et brillant de nos Pyrénées, pour donner à ceux qui croient les connaître déjà des raisons nouvelles d’y revenir et de s’y attacher toujours d’avantage, et à ceux qui les ignorent encore le désir de visiter nos plaines fertiles, nos vallées virgiliennes, nos sources bienfaisantes, nos cimes sublimes, aussi bien que nos musées, nos châteaux, nos cités où revivent vingt siècles de gloire et nos sanctuaires insignes. »

L’objectif a t’il été atteint ? En ce qui concerne la critique et la polémique, sans aucun doute : les combats menés dans les années cinquante pour défendre les eaux de la vallée de Cauterets menacées par les projets de captage d’EDF, ou dans les années soixante le militantisme en faveur de la création du Parc National sont là, entre autres, pour en témoigner.

Pour le programme éditorial, fondé sur la variété et l’éclectisme, les goûts personnels et la formation de Raymond Ritter l’ont certes plus orienté vers l’histoire, la littérature ou les beaux-arts que vers les sciences de la nature. De plus, les collaborations espérées n’ont pas toujours été à la hauteur des ambitions affichées, et Raymond Ritter s’est souvent vu contraint de remplir des pages en donnant en « feuilleton » ses derniers livres, ou en signant ses articles de divers pseudonymes. Le surcroît de travail ainsi occasionné a même entraîné, dans les dernières années, une certaine lassitude et un état dépressif poussant le rédacteur en chef à chercher un successeur. Il se sentit donc bien soulagé lorsqu’il eut trouvé en André Dussert la personne idoine, et en Louis Anglade celui qui veillerait sur les finances. Il était temps : il approchait des quatre vingt ans, était malade et devait décéder peu après le passage du relais.

Il léguait à la postérité cent numéros d’une revue qu’il avait puissamment façonnée et portée à bout de bras sans ménager sa peine, tout en menant de pair d’autres travaux tout aussi prenants.

G.R.

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