Paru pour la première fois en 1949, cet ouvrage a déjà été réédité en 1959, 1971, 1982 et 1995. Les dérèglements climatiques de ces dernières décennies font que ce livre est d’une actualité permanente.

La crue, en occitan aiguat, aygàt, eigat, aigouat, aigada, n’évoque pas une simple inondation. Dans sa préface Joseph Ribas précise, “Plus qu’un nom l’aiguat est un cri : la clameur des hommes et des éléments poussée dans un déferlement de fin du monde”. Pour Gérard Soutadé, “le mot englobe des données physiques et humaines qui font que l’aiguat est non seulement un dérèglement naturel mais aussi une marque indélébile laissée dans la société”. Les 15, 16 et 17 octobre la crue emporta en Pays Catalan “des centaines de maison avec leurs hôtes vivants, des églises avec leurs saints et leurs cloches, des cimetières avec leurs croix et leurs morts”. (Ludovic Massé, 1949)

Michel Maurette (1898-1973), natif du Haut Vallespir, a été président de l’Association française des Écrivains-paysans. L’Académie française a couronné ses derniers ouvrages : L’Enfant des Loups (1968) et le Rêve d’écrire (1970).

“En cette année 1940, la guerre suffirait au malheur des pauvres gens...Ce jour là, tout le pays a les yeux fixés sur la montagne… le ciel écrase la plaine, le village, le mas, le cœur de l’homme… Le Canigó, l’idole, le Dieu de la contrée, allait-il éclater en morceaux sous les coups de l’orage ?… Le déchaînement torrentiel dépassait par son intensité tous les récits de la tradition orale.”. Ainsi Michel Maurette, paysan dans l’âme et poète dans l’esprit, percevait l’aîgat de 1940. Pour Joseph Ribas, “Une autre approche de l’événement consistait à l’éclairer par la fulgurance de la vision poétique”.

Deux cahiers de photos, la préface de Ludovic Massé, 1949, et l’introduction de Joê Bousquet, 1959, complètent cet ouvrage dont la qualité a valeur de patrimoine.

La Crue, Michel Maurette, Les Publications de l’Olivier, 12 avenue du Général de Gaulle - Perpignan. Parution septembre 2007, 22 euros.

Les Publications de l’Olivier

J.M.

Mis en ligne le mardi 15 avril 2008.