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BIBLIOGRAPHIE PYRÉNÉENNE
LES SOIXANTE ANS AUX PYRÉNÉES DE MAURICE GOURDON
ÉDITÉS PAR JEAN RITTER
Article paru dans le n° 237-janvier 2009.
- Légende originale
Lac Singlida et aiguilles d’Es Thouas 1882
Photographie signée Mce Gourdon.
Collection particulière.
Il est d’usage, lorsqu’on évoque Maurice Gourdon, de parler de pyrénéiste méconnu. Comme bien des lieux communs, celui-ci est au moins discutable : il suffit de se reporter aux tables du Bulletin de la Société Ramond et de la Revue de Comminges, de l’Annuaire du CAF et de La Montagne, de la Revue des Pyrénées et de la France méridionale, du Bulletin pyrénéen et des Pyrénées, sans parler des périodiques scientifiques spécialisés, ou des gazettes locales dont Beraldi regrettait le difficile accès pour les lecteurs moyens… Beraldi, l’hôte estival de Luchon, l’inventeur de la « Pléïade  » au sein de laquelle il avait inscrit Gourdon, ne pouvait pas ne pas lui donner une juste place dans ses Cent Ans, ni le Dr de Gorsse dans sa Bibliographie du Comminges, ni Jacques Labarère dans sa Bibliographie pyrénéiste. Autrement dit, si Gourdon était méconnu des pyrénéistes, c’était bien leur faute.
Dès 1971-1974, dans la Revue de Comminges, Gabriel Laplagne-Barris, neveu direct de Maurice Gourdon, attirait l’attention sur le manuscrit de son oncle Soixante ans aux Pyrénées, et en 1984, il signait l’excellente préface de l’édition d’Au pays de Luchon procurée par Guy Boutellier, chez Sirius. Le signalement de cette publication par Jacques Labarère dans Pyrénées en 1984, l’article de Michel Clin sur l’activité scientifique de Gourdon dans la Revue de Comminges en 1992, furent autant de « signaux forts  » adressés à ceux qui auraient encore pu ignorer Gourdon, de même que le Pyrénées. Voyage photographique, dirigé par Hélène Sorbé (1998), ou encore la récente publication d’André Bourneton, El Pirineo aragonés antes de Briet, montrant à l’évidence la large reconnaissance dont bénéficiait Gourdon quant à son rôle dans l’exploration topographique, scientifique, touristique et sportive des Pyrénées.
Quoi qu’il en soit, et même s’il restera toujours à chercher et à dire sur ce personnage extraordinaire, on ne pourra plus écrire que Maurice Gourdon est méconnu après la publication que lui consacre Jean Ritter.
Préparé par un premier travail qui a paru dans six numéros de la Revue de Comminges (2001-2002), l’ouvrage aujourd’hui livré au public est constitué pour l’essentiel par l’édition du texte inédit longtemps de Gourdon, Soixante ans aux Pyrénées. Dans ce gros manuscrit de 241 pages, commencé entre 1925 et 1929 (peut-être sous l’influence des Cinquante ans d’excursions et d’études, bilan de sa carrière pyrénéiste publié par Saint-Saud en 1924 ?), Gourdon reprenant le contenu des carnets qu’il tint à jour de 1874 à 1936, a condensé tous les éléments de sa longue vie de chercheur et de voyageur, et en particulier de ses courses dans les Pyrénées luchonnaises, aranaises et catalanes. Il nous procure par là une vue cohérente de l’activité prodigieusement multiple que pouvait développer alors un homme sans profession (Heureux temps !). Vrai savant méthodique et scrupuleux, reconnu comme tel par les meilleurs spécialistes des sciences de la nature de son époque, marcheur étonnant, explorateur passionné par la découverte des paysages, topographe, archéologue, ébéniste, photographe et dessinateur de talent, Gourdon réunit à un degré unique les compétences les plus diverses et les plus solides. Cet homme de sciences est aussi un homme de passion, aimant les montagnes et la nature pour elles-mêmes, et par-dessus le marché sociable, modeste, sensible, amical et généreux, ne demandant qu’à partager ses découvertes, ses impressions, ses émotions. C’est en tout cas ce qui ressort de ce bilan d’une vie intense, toute consacrée à cette « joie de connaître  » qui anime si souvent les hommes des sciences de la terre. On ne peut dans cette brève recension énumérer tout ce que l’on doit à Gourdon comme informations sur les Pyrénées, recueillies notamment au cours de sa période luchonnaise, de 1871 à 1897. Même s’il semblait attacher une certaine importance à ses « premières  », ce sont moins ses « conquêtes  » (on sait ce que cette notion a de relatif) qui retiendront notre attention, que son goà »t pour la recherche scientifique de terrain et l’exploration systématique des vallées et des massifs, et sa pratique de la montagne en toute saison, et en particulier en hiver.
- Légende originale
Au pueblo de Seira. (signé Maurice Gourdon 1889).
Collection particulière.
Jean Ritter a édité avec conscience et respect ce texte si riche en lui-même, dont il a augmenté encore beaucoup l’intérêt par tout ce dont il l’a entouré : une biographie d’une soixantaine de pages, complétée d’une chronologie, une série de notes, une abondante bibliographie de Gourdon liée à son récit (ce qui est particulièrement utile), un catalogue de ses cartes postales et de ses magnifiques dessins de Valmirande, des correspondances choisies. Il faut insister sur l’apport exceptionnel des documents iconographiques, photos et dessins, qui à eux seuls mériteraient un long commentaire. À tous les sens du terme, ils illustrent de façon saisissante ce document qui sommeillait depuis près de soixante-dix ans et lui donnent une vie supplémentaire. Et n’oublions pas les index qui faciliteront beaucoup l’utilisation de l’ouvrage par des lecteurs qui seront certainement nombreux.
Jean Ritter qui, soit dit en passant, et sauf erreur, écrit dans Pyrénées depuis vingt-sept ans, a signé là un monument, édifié avec passion, patience et désintéressement, à l’image de son héros. Le soin qu’il a apporté lui-même à la confection matérielle de l’ouvrage est à souligner. Ceux qui croient encore au livre lui en sauront gré. Et les pyrénéistes lui devront une reconnaissance majeure pour un livre comme on en souhaiterait beaucoup dans nos bibliothèques.
J.-F. Le Nail
« Le Pyrénéisme aux Pyrénées Centrales avec Maurice Gourdon  », par Jean Ritter. 424 pages avec 35 grands dessins à la plume reproduits à pleine page et plus de 150 dessins ou photographies de Gourdon. En vente chez l’auteur : Jean Ritter, Résidence Dauphine, Pavillon du Barry 78430 Louveciennes. Le volume ordinaire : 110 €, port compris. Le volume de tête : 220 €, port compris.