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VALORISATION DU CAMP DE GURS
Le plus grand du sud de la France, le camp de Gurs témoin de la tourmente des années 1936 à 1945, en quelques chiffres :
Construit en 42 jours, de mars à avril 1939, pour interner les combattants de l’armée républicaine espagnole vaincue par le franquisme, il sera utilisé ensuite comme centre d’internement pour les “indésirables†du régime de Vichy et deviendra l’une des bases de la déportation des juifs en France. Ce fut 3 907 personnes qui furent transférées vers Auschwitz.
Sur 79 hectares, 428 baraques de 24 mètres de long sur 6 de large accueillaient chacune une soixantaine d’internés. La capacité d’hébergement (18500 individus) classait le camp de Gurs au troisième rang des agglomérations du département, après Pau et Bayonne.
Jusqu’à sa fermeture, le 31 décembre 1945, 60 559 personnes seront internées. Plus d’un millier y sont mortes.
Gurs est un des sites majeurs de l’Europe : son histoire court de Guernica à Auschwitz et Mauthausen. De la guerre d’Espagne à la Shoah. L’Amicale du camp de Gurs, créée en 1980, a estimé essentiel de faire connaître ces faits et de donner à réfléchir. Elle est une structure représentative de toutes les composantes du camp mais le pari était osé tant les divergences politiques entre les uns et les autres, les appartenances nationales et les différences communautaires pouvaient déboucher au mieux sur une mutuelle indifférence au pire sur une concurrence des mémoires : pour Claude Laharie*, historien et membre actif de l’Amicale : “à Gurs on est arrivé à réunir des gens qui d’habitude ne se réunissent pas†.
Pendant près de quarante ans, Gurs est comme effacé de l’espace, comme il a été effacé des mémoires et des consciences. Le cimetière a été reconstruit en 1962 grâce aux subventions étrangères, en 1994 est édifié un mémorial constitué d’une petite voie de chemin de fer et d’une dalle de béton entourées de barbelés. Sous un auvent défraîchi, un plan du camp est affiché et quelques éléments d’informations épars figurent sur des panneaux de bois usés. C’est très peu pour le symbole que représente le camp de Gurs.
Grâce au dynamisme de l’amicale, le dossier de valorisation de Gurs a reçu un excellent accueil auprès des élus. La communauté des communes de Navarrenx a accepté d’en être le maître d’ouvrage et a financé une grande partie des 571 000 euros nécessaires aux travaux. L’état, le Conseil Général, le Conseil Régional des Pyrénées Atlantiques, la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, et les Länder allemands, ont participé à ce financement. L’aménagement du site s’est fait sur 2500 m2 cédés par la municipalité de Gurs.
Le bâtiment d’accueil de 170 m², situé près de la RN 936, est doté d’équipements modernes tels, une borne interactive, une vitrine d’exposition, des toilettes et d’une aire de stationnement.
Deux Sentiers du Souvenir ont été réalisés :
Le Sentier Historique conduit du bâtiment d’accueil à la forêt où furent implantées les baraques d’internement. Des lutrins enrichis de textes explicatifs en trois langues (français, espagnol, allemand) jalonnent les deux parcours.
Le Sentier de Mémoire conduit du bâtiment d’accueil au cimetière où reposent 1073 internés espagnols, brigadistes, indésirables, juifs surtout, tziganes.
2008 a vu la publication d’un ouvrage sur la vie artistique au Camp de Gurs par l’Amicale et sous la direction de Claude Laharie aux éditions Atlantica, sous le titre "Gurs, l’art derrière les barbelés". Il comporte des reproductions de dessins d’enfants, d’artistes confirmés, des tableaux.
* Claude Laharie, agrégé d’histoire, est l’auteur de deux ouvrages :
Le camp de Gurs 1939-1945 - J&D Éditions - 1993
Gurs : 1939-1945 un camp d’internement en Béarn - Atlantica - 2005
Jean Marchadier
- Reproduction à l’identique d’une baraque du camp
telle qu’en 1939 par 15 élèves du lycée de Gelos, terminale "bois et matériaux associés".
(Photo Jean-Jacques Le Masson).