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LES JOURNÉES « MÉMOIRE » DE CAP DE LONG

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Lac de Cap de long.
(Photo Michel Chambert).

Les Rendez-vous du Livre d’Aure ont proposé dans le cadre des Journées du Patrimoine deux journées autour de l’épopée de la construction du barrage de Cap de Long les 16 et 17 septembre dernier, le vendredi soir en Salle de conférences de la Mairie de Saint-Lary et sur le site du barrage le samedi matin avec les anciens ingénieurs Georges Brousse et Pierre Marlier et le technicien Joseph Brunet qui ont été les acteurs décisifs des grandes phases du chantier.

Avant la conférence animée par André Mir, Maire Adjoint et Jean Prugent, Président des Amis du CEDAS d’Ancizan concepteur d’un diaporama et d’une exposition, d’émouvantes retrouvailles entre les trois « pionniers » du barrage ont permis de partager trois mémoires toujours vivaces et enthousiastes d’une épopée industrielle de l’après guerre (1948- 1954) qui a profondément marqué la vie et l’économie de la Vallée. La construction de la route, achevée en 1950 a été décisive pour l’essor du tourisme, la découverte des lacs du massif du Néouvielle et à terme pour le lancement du projet de la station de ski de Saint-Lary.

Deux longues visites de l’Usine EDF de Saint-Lary ont drainé beaucoup de monde autour de Jean Prugent, des classes d’écoles primaire puis les adultes qui se sont rassemblés ensuite dans la salle de conférences.

André Mir a présenté les trois anciens, dont les parcours prestigieux et atypiques forcent l’admiration. Les deux ingénieurs sortis de la même école parisienne des Travaux Publics étaient très jeunes à la sortie de la guerre, tous deux célibataires, en charge d’une entreprise colossale financée par le Plan Marshall et mise en œuvre selon des techniques inédites, celle des barrages voûtes, préfigurant l’ouvrage de Tignes.
Quant à Joseph Brunet, qui a su faire vivre cette épopée à travers le quotidien des ouvriers, il subjuguait l’auditoire par son talent de conteur, s’inscrivant à merveille dans une partition à quatre voix : avec la sienne, celle de Jean Prugent dont le diaporama présentait des plans de coupe éloquents et des photographies de chantiers prises par Alix et parfois Jean Dieuzaide, celle de Georges Brousse qui fut le maître d’œuvre de la construction de la route, clarifiant à merveille le fonctionnement du barrage, sa genèse et les étapes du chantier et celle de Pierre Marlier, qui fut de longues années président du Club Alpin Français de Bordeaux et membre du Groupe Universitaire de Haute Montagne, chargé la mort dans l’âme du percement et de l’immersion du sublime Lac de Loustalat.
Ils ont répondu avec précision aux questions de l’auditoire où les dirigeants de l’EDF côtoyaient le Maire d’Aragnouet, des érudit locaux tels Joseph Verdier et les familles d’anciens ouvriers ou acteurs de cette épopée.

L’excursion du lendemain à Cap de Long, couverte par l’équipe de télévision FR3 Tarbes a permis à un petit groupe d’une vingtaine de personnes de revivre avec les anciens, Jean Prugent et André Mir, l’épopée, in situ, à Orédon, à Estaragne (où se trouvaient les « baraquements » des ouvriers) et sur la promenade du barrage dominant le cœur opérationnel du chantier et sa cantine aux côtés des bâtiments du Ministère de l’Agriculture et d’une petite rotonde, témoins de la construction du premier barrage.
Pierre Marlier retrouvait avec son petit fils le théâtre de ses premières ascensions dont il faisait partager les itinéraires à travers l’exercice du panorama, souvent relayé par Joseph Brunet qui ne pouvait s’empêcher d’évoquer les sentiers abrupts suivis par son père berger et chasseur d’isards…
Chaque participant était impliqué avec ses souvenirs. Mme Zacharie en particulier a montré le petit album de photographies prises par son père à l’époque du chantier… Tous manifestaient leur admiration pour l’énergie et la passion de ces pionniers, ingénieurs, techniciens et ouvriers qui avaient envie d’en « découdre » après la guerre, sans ménager leur peine et sans pour autant prendre des risques inconsidérés, dans la dignité et le respect du savoir faire des aînés, une discipline sans faille, qui n’excluait pas les moments de gaieté et d’humour. Nombreux étaient les ouvriers espagnols, italiens, et aussi valléens et tant d’autres venus du Piémont et de toute la France, surtout dans la phase de mise en place du chantier, avec les impressionnants camions américains « Diamond » qui négociaient habilement les lacets étroits…et ces engins nouveaux, pelles mécaniques, tours à bétons, engins de déneigement…qui ont permis de poursuivre le chantier dans les plus dures conditions à l’exception du 1er hiver où ils n’ont eu que 20 cm de neige.

Un savoureux repas au « Garlitz » a prolongé la convivialité des échanges dans un va- et - vient entre passé et présent…attentifs à poursuivre la collecte de cette mémoire vive qui fera l’objet de nouvelles rencontres dans le cadre de la prochaine fête du Livre pyrénéen d’Aure et Sobrarbe programmée à Pentecôte 2012.

Ch. Abbadie-Clerc

VOIR SUR LE SITE LA VALLE DAURE AU XIX° SIECLE UN DOSSIER TRÉS COMPLET SUR LE BARRAGE DE CAP DE LONG.

Mis en ligne le jeudi 13 octobre 2011.






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