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LA MONTAGNE EN COURANT

Lorsque Henri Brulle eut l’idée de gravir le couloir de Gaube et que Célestin Passet réalisa l’exploit que l’on sait, c’était en 1889, le comte Henry Russell eut des propos peu amènes envers la cordée qui venait de retrouver le soleil à la sortie du couloir.
Que penserait Russell des pratiques actuelles ayant cours dans nos montagnes ? De terrain d’aventure et de découverte, la montagne est devenue un espace de jeu. Les cascades de glaces ont remplacé les couloirs de neige, l’escalade artificielle a permis de résoudre les problèmes sur lesquels butaient les grimpeurs, puis on descend les canyons, on utilise des engins volants pour de nouvelles sensations et depuis déjà quelques décennies on gravit la montagne en courant, ce sont toutes ces disciplines aux consonances anglaises et où le but est de se mesurer aux autres.
Un pyrénéen s’illustre dans ces nouvelles pratiques, il court plus vite que tout le monde, Kilian Jornet. Né en Espagne, Kilian Jornet vit en France quand il ne court pas sur les montagnes du monde. En effet, il souhaite accomplir un projet démentiel, d’ici 2015 il espère monter et descendre le plus rapidement possible les montagnes les plus spectaculaires de la planète : le Mont Blanc, le Mattherhorn, l’Elbrus, le Mc Kinley, l’Aconcagua pour terminer par l’Everest.

Comment abordera-t-on la montagne à l’avenir ? Nous ne pouvons deviner les défis qui animeront les sportifs demain. Personne n’a eu l’idée ou l’envie de relever le défi de Russell, mais un jour cela pourrait se faire et de nouveaux records s’établiront. Mais, les curieux, les jouisseurs de la nature, ceux qui prennent leur temps pour voir, découvrir, sentir, les rêveurs, auront toujours leur place dans un espace de nature que l’on se doit d’aborder avec discrétion, tact et délicatesse.

JM

Mis en ligne le jeudi 11 avril 2013.






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