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MANGEUSES D’HOMMES
L’épopée des mines de Bentaillou et de Bulard en Ariège

Claude Dubois, éditions Privat, 356 pages.
Date de parution : juin 2015

Des premiers prospecteurs jusqu’à l’arrêt de l’exploitation des sous-sols de Sentein, c’est plus d’un siècle d’épopée minière qui est passé en revue dans cet ouvrage. Un important travail de documentation a conduit Claude Dubois à retracer fidèlement l’histoire des mines de Bentaillou exploitées de 1853 à 1953 et de sa petite sœur aux allures de nid d’aigle, la mine de Bulard.

Au cours des années, des ouvriers originaires de divers horizons ont travaillé dans ces mines reculées au fond d’une vallée du Couserans. Les mineurs de Rancié et les paysans locaux ont été les premiers recrutés, ces derniers considérant toutefois cet emploi comme un complément de revenu et délaissant la mine au moment des fenaisons. La deuxième guerre mondiale a aussi influencé la marche des chantiers avec un apport de main d’œuvre réquisitionnée dans le cadre du STO puis de prisonniers de guerre allemands qui ont fini l’aventure par une évasion collective. L’auteur raconte les rudes conditions de vie de ces travailleurs, les accidents qui ont émaillé leur activité souterraine et leurs revendications.

Malgré la succession de plus d’une dizaine de propriétaires, ces mines ont parfois été pionnières en matière d’innovations techniques et de nombreux défis ont dû être relevés. Tout d’abord, il a fallu s’adapter aux conditions climatiques de haute montagne avec des hivers particulièrement rigoureux. Ensuite, les prospecteurs ont été constamment déroutés par la position des masses minéralisées qui ne se présentaient pas sous la forme attendue de filons. Une fois extrait, le minerai devait encore être descendu sur 1000 à 1500 mètres de dénivelée. Cela a nécessité dans un premier temps la construction d’une route vertigineuse, d’une glissière hydraulique par la suite, et finalement d’un transport par câble aérien dont les ruines sont toujours visibles de nos jours. A certaines époques, la laverie du Bocard, usine qui traitait en aval le minerai pour en extraire les métaux, a utilisé des modèles de machines qui l’ont placée en position avant-gardiste en France.

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Station d’angle du téléphérique Etcheverry de la mine de Bulard, mis en service en 1902.

Au fil du temps, les mines sont passées entre les mains de propriétaires parfois peu scrupuleux mais aussi dans celles des plus importantes entreprises minières. Dans cette monographie, l’auteur a étudié avec attention les bilans financiers de chaque période. Il met en lumière les spéculations de certains gros actionnaires qui ont réalisés des bénéfices importants quitte à plomber les résultats financiers de leurs mines. Il nous montre aussi comment la mine du Bulard - surnommée la Mangeuse d’hommes - a pu être rentable pendant ses 18 années d’exploitation. Malgré son altitude, ses difficultés d’accès, ses périodes d’exploitation écourtées du fait de la neige, cette mine a même réussi à combler les déficits chroniques de sa voisine du Bentaillou.

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Ruines des baraquements des mineurs de Bulard à 2350 mètres d’altidude.

Ce livre passionnant, raconté de façon chronologique, est accessible à tout lecteur sans nécessiter une connaissance du milieu minier. Il est de plus abondamment illustré de photographies qui aident à la compréhension des nombreux vestiges impressionnants qui émaillent encore le paysage dominé par le pic du Maubermé.

Claude Dubois, archéologue et docteur en histoire des techniques, est un spécialiste des mines métalliques anciennes. Cet ouvrage est un livre de vulgarisation de sa thèse soutenue en 2014 (« L’industrie minière du zinc en France, mi XIXe siècle à mi XXe siècle. Le cas de la mine de Sentein, Pyrénées ariégeoises »).

Mis en ligne samedi 17 octobre 2015






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