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Carnet N° 7 (1950 -1958)
Carnet N° 7 (1950 -1958)
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19 juin 1950
En auto, à Gavarnie, avec Maud et Gilberte, de 6h30 à 10h30. Nous garons la 4CV à l’Hôtel des Voyageurs. Départ de Gavarnie à 11 heures. Beaucoup de pèlerins belges sur le chemin du cirque, certains en costume de mineurs ; beaucoup de femmes à cheval (350 francs la course). Mêmes défilés qu’autrefois. Nous déjeunons à La Prade en admirant le cirque, un peu tronqué par les nuages.
À 13 heures, nous attaquons l’échelle des Sarradets, toujours aussi raide et pénible en début d’ascension, chargés et sans entraînement, hélas ! Malgré tout, nous arrivons à la brèche (neige depuis le bas du vallon des Sarradets) à 18h30, soit en cinq heures, horaire normal. La finale, pour atteindre l’abri Gaurier, est crevante, comme d’habitude ; nous y déposons les sacs à 19 heures et, après une demi-heure de rangements et de repos, nous partons pour le Taillon où nous arrivons à 20h15. Le temps, très beau jusqu’alors, mais avec vent d’Espagne violent et froid, se gâte là -haut et les nuages nous bouchent le paysage. Dans le cairn, carte de visite du chanoine Scure, de Pau, et de sept scouts. Nous signons au dos et descendons dans la brume. À la fausse brèche, nous sortons des nuages (traces d’un isard). Retour à la villa Gaurier, cuisine, repas et coucher à 22 heures. Grâce aux duvets, la nuit, sans être confortable, est passable. (Note de Gilberte Casteret : ouais, ouais, tu parles pour toi, mon cher papa...)
20 juin. Réveil (si l’on peut dire), à 5h30 ; lever, petit déjeuner (photo au magnésium). À 7h15, nous déposons nos sacs dans l’abri Russell (versant nord de la brèche). Très haut, beau temps. Sur les pentes de neige durcie nous marchons à flanc vers la grotte Casteret que nous visitons. Le lac d’entrée est très diminué par rapport à jadis, l’intérieur a subi aussi des fontes sensibles mais, par contre, une magnifique colonne existe là où je n’avais jamais vu que des vestiges de cette colonne. En amont, après avoir franchi un ressaut de glace de deux mètres et après m’être heurté au cul-de-sac, je ne sais pas trouver la suite... malgré une flèche au minium des G.E.M.A. J’ai la déconvenue d’avoir oublié mes films à la brèche et ne peux faire de photos.
À la sortie de la grotte, nous montons au col des Isards (restes d’isards sur la neige). Mon but est d’aller revoir une grotte glacée, et même plusieurs, découvertes en 1935, dans la Faja Luenga. Nous descendons dans cette grotte sur un névé. Au bas, la grotte continue vers la droite où elle est éclairée par une deuxième entrée, descendante elle aussi et encombrée d’un névé glacé. La grotte continue, glacée, et la marche est interrompue par un ressaut en profondeur, de glace pure, de 4 mètres de profondeur. C’est là que je m’étais arrêté jadis, n’ayant pas de corde et éclairé par une modeste bougie. Aujourd’hui, je descends à la corde lisse et prends pied sur une belle rivière de glace. En amont, je dois tailler au piolet pour gravir une pente (chute sur la tête !). La rivière redevient horizontale, s’évase et, malheureusement, s’achève en cul-de-sac. La caverne mesure 110 mètres de long. Dans la même Faja Luenga, nous scrutons plusieurs ouvertures et je visite une salle descendante, déjà vue autrefois. Il y a à revoir tout cela et à y faire de belles photos. Nous y reviendrons. Retour au col des Isards et à la brèche où nous sommes à 14h30. Déjeuner à l’abri Russell, photos à la brèche (grâce au rouleau retrouvé ici).
Départ à 15h30. Toboggans jusqu’au col du Taillon et sur le glacier du Taillon. Bas du glacier à 16h15. Gavarnie à 19 heures. Dîner à l’Hôtel Vergez-Bellou. Départ de Gavarnie à 20h30. Mourlon, 23h45.
(12 - 15 aoà »t 1950)
12 aoà »t. En auto, à Gavarnie, avec Maud et Gilberte ; nous couchons à l’Hôtel du Cirque.
13 aoà »t. Départ du cirque à 5 heures du matin. Brèche à midi ! (Gilberte fatiguée.) À la brèche, le garde-chasse Salinas, un touriste et un berger. Dépôt à l’abri Gaurier et en route pour la grotte Casteret où nous descendons, à l’élektron (NDLR : échelle de métal utilisée en spéléologie) , le Niagara glacé. Retour à l’abri Gaurier à 19 heures. Deux bergers nous ont volé des provisions. (Note de Gilberte Casteret : Et aussi une bâche caoutchoutée que je m’étais montée, à grand peine, pour avoir moins froid.)
14 aoà »t. Réveil à 6 heures. Brèche, 8h30. Col des Isards, 9 heures. Cache dans chaos. De 10 heures à 15 heures, grotte du Gouffre, escalade de la cascade. Arrêté à la mi- descente de la grande pente. Découverte (au retour) du couloir des cristaux de glace. Reconnaissance le long de la Faja, jusqu’à interruption de la falaise. Orage, tourmente, brouillard.
(Note de Maud Casteret, sœur de Gilberte : Nous nous abritâmes au pied de la falaise car la grêle nous piquait le visage. Vu la foudre parcourir à grandes enjambées la crête du mont Arruebo. Très beau spectacle.)
Demi-tour et retour à la brèche où nous couchons dans « abri murette  ». (Note de Gilberte Casteret : Ceci veut dire qu’au moment de se coucher chacun de nous choisissait un emplacement à sa convenance, aussi horizontal que possible, l’épierrait soigneusement et, ayant évalué sa taille et sa corpulence, se construisait un petit muret en pierre d’une cinquantaine de centimètres de hauteur ressemblant à un petit cercueil à ciel ouvert dans lequel on se couchait avec le ciel étoilé pour couverture. Nous couchions peut-être à la dure mais, en tous cas, nous avions moins froid que dans tous ces abris diaboliques où, pour ma part, je mourrais de froid...)
Nuit moins froide qu’Ã l’abri Gaurier.
15 aoà »t. Départ de la brèche à 6 heures. Col des Isards, corniche de la Tour (six isards), col de la Cascade, glacier de l’Épaule. Recherche de puits et grottes. J’en visite deux en diaclases. Sommes rejoints par deux Roannais (Burdin et Boudet) avec lesquels nous montons au Marboré. Beau temps, mais nuages tronquant les cimes du cirque. À la droite, non loin du doigt de la Tour, j’entre dans une grotte (du Lac). À la brèche, nous nous séparons des Roannais et récupérons notre matériel caché dans un puits de 5 mètres. Descente pénible, pour Maud et Gilberte, de l’échelle des Sarradets. Hôtel du Cirque à 20h30, où nous dînons. Mourlon, en auto, à 2h30 du matin.
- Maud Casteret (à gauche) et sa sœur Gilberte entre la brèche de Roland et le col des Isards pendant l’été 1950 (Collection Casteret)
- Norbert Casteret en montagnard photographié par l’une de ses filles (Maud ou Gilberte) au cours de l’été 1950 entre la brèche de Roland et le col des Isards (Collection Casteret)
29 aoà »t. Saint-Gaudens - Gavarnie. Dîner et coucher à l’Hôtel du Cirque. (Clair de lune splendide, toute la nuit.)
30 aoà »t. Départ à 4h45. Bas des Sarradets à 5h35. Bas des glaciers de la brèche à 9h45. Brèche, 10h05 à 11 heures. Col des Isards. Cache sous les grottes, dans chaos. Séance de 14 heures à 18 heures dans grotte du Gouffre où j’atteins le terminus en profondeur. Photos. Corniche de la Faja jusqu’à 15 heures ; nous y bivouaquons à même dalle de roche (avec murette). Nuit venteuse, mais pas froide. Pluie au matin. Lever, 6h30. Investigations dans la falaise. Vu une grotte descendante à -10, puis, puits de 10 mètres environ. Col des Isards où Gilberte nous attend. (Note de Gilberte Casteret : Ce jour-là , j’étais épuisée.)
Avec Maud, à deux reprises, à l’entrée est de la grotte Casteret où je récupère un piolet au fond d’une oubliette. Descente à Gavarnie. Dîner à l’Hôtel du Cirque. Mourlon vers 1 heure du matin.
(19 - 22 septembre 1950)
19 septembre. Avec Gilberte, à Gavarnie, en auto, à 19h15. Hôtel du Cirque à 20h30, où nous dînons avec Ledormeur et couchons. (Note de Gilberte Casteret : Monsieur Ledormeur, grand pyrénéiste, avait, à ce moment-là , plus de 80 ans.)
Raoul et Maud sont à Paloumère.
20 septembre. Départ, 4h45 ; nuit et brouillard dans le cirque. Brèche à 11h40. (Taille dans le glacier.) Beau temps. Col des Isards. Ascension de la Tour par cheminée (éboulis). Tour du Marboré, de 15h30 à 16h15. Col de la Cascade, 18 heures. Cuisine et bivouac dans abri-murette, sous surplomb. Vent très violent. Nuit agitée ; pluie, brouillard. Au réveil, temps bouché, verglas.
21 septembre. Départ à 8heures. Étang glacé du mont Perdu, à 10h15. Temps dégagé, mais vent très violent et froid. Mont Perdu à midi. C’est ma sixième ascension de ce pic. Gilberte y monte pour la première fois. Panorama incomplet, à cause des nuages. Sur le chemin du retour, nous retrouvons le brouillard et la pluie vers le col de la Cascade. Marche dans la brume et le grésil. On cherche avidement les cairns. Je dois enlever mes lunettes. À la brèche, la tempête fait rage. Descente laborieuse du glacier de la brèche, pas à pas, au piolet. Brouillard jusqu’aux Sarradets que nous descendons à la tombée de la nuit. (Nous finissons à la lanterne.) Hôtel du Cirque à 20h30, où nous couchons. (Bouillottes !)
22 septembre. Retour à Saint-Gaudens en auto. (Nous embarquons Ledormeur à Gèdre, jusqu’à Tarbes.) À Lannemezan, nous reprenons Raymonde et Marie.
(12 septembre 1951)
Raoul, Maud, Delteil et moi. Nous faisons demi-tour aux Sarradets à cause du très mauvais temps. Rencontre de l’abbé Armangaud, Céréza et Klaus. Nous nous rabattons sur Médous où nous visitons jusqu’au terminus, derrière le chaos.
Le 14 : en canot, remontée de la rivière et visite du Mur des Orchidées. Et deuxième visite après le chaos.
(29 novembre 1951)
Avec Raymonde et Marie.
(06 Décembre 1951)
Avec Raymonde et Marie
(20 décembre 1951)
Au-dessus du col de Peyresourde, avec Raymonde et Marie.
(Note de Gilberte Casteret : À partir de cette période de sa vie, N.C. a beaucoup moins fréquenté la montagne. Nos mariages (ceux des trois aînés, Raoul, Maud et moi-même) nous ont éloignés de notre Comminges natal ; nos jeunes sÅ“urs, Raymonde et Marie, encore un peu jeunettes pour ces expéditions quelquefois assez dures, ont obligé notre père à freiner un peu cette ardeur qui l’habitait. Il a donc levé le pied. Toutefois, il a continué ses expéditions spéléologiques, mais avec d’autres jeunes que les membres de sa famille.)
(30 mars 1952)
En 4CV, au terminus de la route forestière, avec Raymonde et Marie. Raoul, Annick et Cazassus nous y rejoignent à 9h30. Cabane, arrêt, déjeuner. Ascension par pentes enneigées de la Couage. Sommet à 13h40. Grand froid, chaîne en grande partie masquée. M. Casagnol et quatre scouts sont montés par la Henne Morte. Pas une goutte d’eau dans toute la montagne, malgré la fonte des neiges. Redescente à la cabane en toboggans - soupes... Arrêt. Nous repartons vers 16 heures. Les motocyclistes restent pour passer la nuit dans la cabane. À 18h30, nous sommes à Mourlon.
(Mai 1952)
15 mai. Avec Raymonde et Marie. Mourlon, 6 heures du matin. Astau, 8h20. Lac d’Oô, 10 heures- 10h25. Espingo, 12h10. Neige à partir de Saounsat et Marie est en sandalettes ! Le lac est gelé. Profusion de jonquilles. Col d’Espingo, 16 heures. Astau, 17h45. Mourlon, 19h30.
29 mai. Même course que le 15. Quarante-cinq minutes d’Astau au lac d’Oô. Une heure quarante-cinq du lac d’Oô au col d’Espingo. La neige a régressé et nous dépassons la coume de la Baque. Là , la neige devient profonde. Demi-tour. Profusion incroyable de jonquilles.
(25 mai 1952)
Au col des Ares, je rejoins l’abbé Lafforgue et le jeune Larrieu, d’Encausse. Sommet du Gar à midi où nous rejoignons une caravane de onze (M. et Mme Fouet, Labrousse, Coustère). Fouilles au pied de la croix.
(Juin 1952)
Le 26, arrivée à 22 heures à l’Hôtel du Cirque de Gavarnie. M. et Mme Esquilat et Amanien.
Le 27, départ à 6heures. Rochers Blancs, puis erreur d’itinéraire. Brouillard. Demi-tour vers 14 heures.
Grotte Devaux
(Juillet 1952)
Le 24 : Avec Raoul, Annick et Maud. Nous arrivons au cirque à 15h50, sous la pluie.
Le 25 : départ à 5h05. Bas de l’échelle à 5h50. Brèche à 11 heures. Raoul et Annick s’arrêtent là . Col de la Cascade à 14h40. Col de l’Épaule à 15h10. Grotte Devaux à 16 heures. Repos jusqu’à 20h20. Visite et exploration de la grotte de 10h20 à 1h20 du matin. Bivouac jusqu’à 8 heures du matin.
Le 26 : départ de la grotte Devaux à 9h40. Tour du Marboré à 12h20. De retour au cirque vers 18 heures. (Nous avons retrouvé Raoul et Annick aux Sarradets.) Dîner à Tarbes (Halçaren). Mourlon le 27 à 1 heure du matin.
Isaba
Pampelune
(Aoà »t 1952)
24 aoà »t. Départ de Saint-Gaudens après la messe de 7 heures, en auto. Je dépose Raymonde et Marie à Lannemezan. Licq à 13 heures, où je déjeune chez Bouchet avec le curé de Sainte-Engrâce, M. et Mme Lévi et Courty. Ensuite, nous montons dans le ravin d’Arphidia, jusqu’au trou souffleur. (Sept coqs de bruyère.)
25 aoà »t. Départ du pont du Diable à 7 heures. (Lévi, le maire d’Arette, et le curé de Sainte-Engrâce.) Fluorescéine. Arrêt chez Dominique, qui nous servira de guide. Port d’Ourdayte à 10h40. (Quatre heures à la montée.) Venta à 11h30. En taxi à Isaba. Déjeuner à 15 heures avec le médecin, l’instituteur et le capitaine. Visites diverses, promenade, coucher de soleil. Dîner avec les mêmes, à l’hôtel.
26 aoà »t. Départ en car, à 6h30, pour Pampelune. Défilés calcaires pittoresques. Arrêts à Javier et Sanguesa. Pampelune à 10h15. Visite de la ville. Visite au gouverneur de la Navarre. Déjeuner (calamars en su tinta). Visite, achats. En taxi, de Pampelune à Arnéguy. (Arrêt à Roncevaux. À Arnéguy, fête, danses basques, porto et dîner avec le gobernador et le policier espagnols (charmants). Guillaume Bouchet, venu en auto, nous rapatrie à Licq, à 2 heures du matin.
27 aoà »t. De 10 heures à 13 heures, avec Lévi, visite de Kakouetta. La fluorescéine coule toujours, très apparente, à Bentia. Déjeuner à Licq. Arrêt et dîner à Lannemezan. À 2 heures, à Mourlon.
(Note de Gilberte Casteret : Qu’étaient-ils allés faire là ? Je pense, tout simplement, rencontrer les autorités et leur arracher un accord pour l’exploration du gouffre de La Pierre-Saint-Martin sur lequel les Espagnols revendiquaient un droit de regard.)
Brèche Cueva
(21 septembre 1952)
Nuit à l’Hôtel du Cirque, avec Maud. Départ à 4h35. Nuit noire, erreur dans le cirque. Échelle des Sarradets à 5h36 (nuit). Fontaine à 7h45 ; quelques flocons. Brèche à 9h45 (cinq heures quinze depuis l’hôtel). Vent violent et verglas. Déjeuner à 11h45 (tomates et Å“ufs durs gelés). Exploration du grand effondrement de la Faja Luenga. (C’est un gouffre recouvert de neige.) Au crépuscule, nous arrivons à la Cueva, après avoir dérangé un isard solitaire. Cuisine et bivouac. Nuit froide et détestable ; coliques provoquées par Å“uf dur avarié. Maud est frigorifiée.
22 septembre. Départ de la Cueva vers 6 heures du matin. Brèche à midi. Cirque à 15 heures. Maud redescend à âne à Gavarnie. Nous étions venus pour tenter d’escalader la grotte aérienne, au-dessus de la grotte Devaux. Le brouillard et la tempête nous en ont empêchés.
(27 novembre 1952)
Avec Raymonde et Marie.
De Crouhens au col de Couret Médan, en forêt. Déjeuner au col. Raymonde, fatiguée, nous y attend. Avec Marie, ascension sur pentes raides. Sommet. Très belle vue. (Mourlon à l’œil nu.) Belle vue sur la chaîne. À la descente, lâcher de cailloux sur la pente : bonds fantastiques.
(9 décembre 1952)
Avec Maud. Sans résultat.
(18 mai 1953)
Seul, au col de Portet, puis Cap et cabane de Pelo Pouch et plateau de Bazech (chevaux)
(3 - 4 octobre 1953)
3 octobre. Départ en auto pour Licq avec M. et Mme Esquilat et Leroux. Nous arrivons à Sainte-Engrâce. (Visite de l’église avec M. le Curé.) Dîner et nuit chez Bouchet.
4 octobre. Messe à Licq, de 8heures à 9 heures. Excursion aux gorges de Kakouetta en bottes de caoutchouc (moi, en scaphandre). Visite manquée aux gorges d’Holzarté. Retour à Saint-Gaudens vers 21 heures.
- Gorges de Kakouetta. 1953. (Collection Casteret)
(18 octobre 1953)
Messe à 7 heures. En auto, à l’Hospice de France, avec Raymonde et Marie. (L’ourson de 17 mois vient de mourir.) M. et Mme Esquilat et M. Pataud viennent nous rejoindre. Montée au port en compagnie de deux énormes chiens de montagne des Pyrénées. Commencement de neige fraîche au-dessus des lacs de Boum. Assez beau temps. Ascension du pic de la Mine (un peu trop à droite de l’itinéraire ; très raide). Les chiens, en difficulté, doivent s’arrêter et nous attendent près des sacs. Au sommet, brouillard. Le rideau se referme sur le panorama. Il y avait vingt-deux ans que je n’étais pas revenu dans ces parages. Je redescends avec Raymonde et Marie (et Bary) par le versant espagnol. Les autres descendent par versant français et se trouvent en difficulté dans un couloir. Retour à Mourlon à 20 heures.
(13 novembre 1953)
Avec M. Jean Audu, en avion Stampe, nous décollons de l’aérodrome de Saint-Girons, à 15 heures. Vallée du Salat, Oust, Aulus, lac de Certascan, port de Salau, haute vallée de Pallaresa, Notre-Dame de Montgarri, Pla de Béret, Liat, plateau du Liat, Pyramide de Serre. Nous rentrons en France en survolant le Crabère. Plateau d’Uls, Bazech, Paloumère, Aspet, Lannemezan, retour par Montréjeau, Mourlon, Saint-Gaudens, aérodrome à 17 heures. Splendide randonnée à 140 à l’heure par très beau temps.
(1er décembre 1953)
Messe à 7 heures. Crouhens à 9 heures, avec Raoul et Chausson. Réunion de Fouet, Joncquiert, Carcasès, Dubruel et Fourcade. Montée de 9h45 à 14 heures, par vallée et cabane du Pin. Beau, vent froid, feu de genévriers, grattages au sommet avec piolet, en quête d’autels votifs. Belle vue. Descente par arête Cournarède, cabane du Pin. À Crouhens à 18 heures. Nuit. Saint-Gaudens, 19 heures.
(19 mars 1954)
Avec Marie, en auto, jusqu’aux carrières de marbre de Couflens, dans la vallée d’Estours. Rive gauche, le premier affluent qui cascade sort d’une résurgence vers laquelle nous montons, mais pas assez haut, cependant, pour voir la sortie de l’eau. Puis nous remontons longuement la vallée en suivant le thalweg.
(10 juin 1954)
Grâce au « camino frontal  », carrossable, nous allons en 4CV (maman et Marie) jusqu’à l’ermitage d’Artiga de Lin et jusqu’aux Goueils, qui coulent très fort. Il y a vingt-trois ans que nous ne les avions pas revus... Maman avait alors 57 ans. Aujourd’hui, 80 passés... Nous arrivons jusqu’au Pla d’Artiga, jusqu’à la cabane où nous nous étions abrités en juillet 1931, lors de l’expérience de coloration Toro - Joueou. Elle est effondrée. Les nuages cachent les sommets du cirque.
(11 juin 1954)
En auto, avec MM. Garrès, Bize et le gouverneur du Rotary, M. Boissarie (78 ans), à Orédon et Cap-de-Long où nous visitons le barrage et déjeunons à la cantine avec les ingénieurs.
(5 juillet 1954)
Saint-Gaudens, 6h30. Hospice de France à 8 heures. Halte à 10h20 au refuge de l’Homme où la neige commence. Port de Venasque à 11h30. (Trois heures trente à la montée.) Sentier de la Coustère où je rencontre deux touristes. Je passe au lac inférieur de Vilamuerta, fais une cache un peu plus loin et arrive à la Rencluse à 14h20. Je revois Antonio à vingt-trois ans d’intervalle. Des Lourdais redescendent du Néthou. J’inspecte le gouffre de Turmon, le barrage, le tunnel (longueur : 18 mètres). L’hémicycle a 80 à 90 mètres de large ; la hauteur des falaises est de 15 à 40 mètres. L’eau passe dans le tunnel, tombe en cascade dans la vallée et se perd plus bas. Ces eaux vont à coup sà »r au Goueil de Joueou. Je saurai plus tard que les Espagnols ont fait l’expérience il y a quelques années, avec 7 kilos, puis 18 kilos de fluorescéine. Elle a été affirmative : le colorant a reparu au Goueil de Joueou.
Je quitte la Rencluse, repasse à ma cache, fais une chute douloureuse (tibia) dans un chaos masqué par des rhododendrons. J’arrive au port de Vénasque à 18h10. À 19h55, j’atteins l’Hospice de France. (Une heure trente-cinq à la descente !) À 21h10, j’arrive en 4CV, à Mourlon.
(Note de Gilberte Casteret : Qu’était-il allé faire là , dans cette course solitaire ? Se remettre en mémoire ses expéditions précédentes, quand il courait la montagne, entouré de sa famille ? Purger une nostalgie aggravée par l’âge et la solitude ? À 57 ans, peut-être a-t-il cédé à une impulsion, à l’envie de revoir ces lieux qui lui étaient chers et où il avait tant de souvenirs...)
(9 - 10 octobre 1954)
Départ de Pau vers 17 heures. À 18 heures à Lescun. Tentative de montée en jeep au refuge de l’Abérouat. Panne et retour de nuit. Nous couchons, José, Marie-Hélène et moi, dans la salle de classe de M. Barrio. Pluie.
10 octobre. Réveil à 6 heures. Il pleut. Lever à 8 heures. Il pleut. En jeep à l’Abérouat. Brouillard puis, plus haut, beau temps splendide. Pas d’Azuns. Col d’Anie. Montée au Soum Couy (2300 mètres) avec arrêt et sondage d’un gouffre que j’avais repéré à la lorgnette en aoà »t dernier, depuis La Pierre-Saint-Martin : - 48, et ça continue, en talus. Curieux gouffre s’ouvrant sous un porche. Descente et arrivée à Pau à 23 heures. Mourlon, 1heure du matin.
(21 février 1955)
Avec Raoul, à l’Hospice de France, où l’on dégage Raymond d’Espouy de l’avalanche qui l’a tué hier.
(3 avril 1955)
Avec Fouet, à Saint-Martory, où nous allons gratter à la Sablière. (Clous, os, poteries). Visite au Dr Marrot qui a trouvé dernièrement un bracelet spirale en bronze.
(Avril 1955)
Le 5 avril, Immersion de 10 à 12 litres de fluorescéine à Larroque, dans une perte de la Save, à 19 heures. (M. et Mme Fouet, M. Madirat, meunier, et sa fille, et le garçon meunier).
Le 6, je surveille la résurgence de la Hillière, à 5 kilomètres en aval, avec Fouet et Tovo.
Le 7, surveillance avec Marie, Noë lle et Linette Pivetta, et la famille Chausson.
Le 8, à 10 heures du matin, la fluorescéine s’est montrée à la Hillière. À 13 heures, je le constate avec Raymonde. La coloration s’amplifie et se propage dans les gorges. Elle dure encore le 10 où nous allons aux gorges de Lespugue avec maman, Maud, Roger et Bernard, Raymonde, Raoul et Annick. La résurgence voisine, rive droite et à l’aval, est colorée aujourd’hui, ainsi que de minuscules résurgences dans le lit de la Save, sur les deux rives, légèrement en amont de la Hillière.
Aujourd’hui, jour de Pâques, vernissage du musée de Montmaurin où nous retrouvons toute l’équipe de préhistoriens de Méroc.
(22 aoà »t 1955)
Départ, seul, en 4CV, d’Hendaye, à 4h50. Licq à 8h30. Visite à la tente de Cosyns. Montée avec lui et sa femme à Sainte-Engrâce et au ravin d’Arphidia. Visite au tunnel de l’EDF : 130 mètres de long, avance de 6 mètres par jour. Déjeuner au Trou du Vent (4°). Licq à 17h30. Hendaye à 20h30 (144 kilomètres).
(Septembre 1955)
22 septembre. Mourlon, 7 heures. Pau, 9h30. Visite à Bidegain et EDF. Sainte-Engrâce à 13h20 (185 kilomètres). Déjeuner chez Hondagneu. À dos de mulet (Chiquito), je monte au tunnel. Celui-ci atteint 270 mètres. À 17 heures, je remonte le ravin ; quatre dolines, puis je monte à flanc nord et arrive à la cabane de Lagrave à 19h40. Visite à l’entrée du gouffre, tombée de la nuit. Retour à la cabane à 19h40. Feu, dîner, veillée solitaire ; ma montre s’est arrêtée à 20 heures. Dans la nuit, orage très violent. Chute de la foudre dans le gouffre de l’Escuret.
23 septembre. Au réveil, pluie et brouillard. J’attends. Départ, brouillard de bruine. Je passe au gouffre. (Inscriptions à la peinture blanche : « Les Pingouins de Ristalie  ». Camp espagnol, thalweg, rascles, entonnoirs, dolines. Je me mouille abondamment. Visite au tunnel (211 mètres ; cheminée naturelle). Arrêt chez le curé de Sainte-Engrâce qui me prête un parapluie. Arrêt chez Hondagneu (Bauer, Isnard). Départ vers 16 heures. Arrêt à Pau, chez Bidegain. Mourlon à 21 heures. Toujours la pluie.
(27 septembre 1955)
En auto, avec Raymonde et Marie, jusqu’aux Laquets. Brouillard depuis Artigues jusqu’au sommet. Mer de nuages à 2800 mètres. Pas de vue. Rencontré Hugon qui nous fait visiter l’observatoire.
(30 mars 1956)
Avec Raymonde et Marie, je fais une reconnaissance, en préalable à la campagne spéléologique avec les Marseillais et les Aixois, dans le massif.
Col de Portet, 9h10 ; col de Paloumère, 10h35 ; cabane du Touch, 11h15. Déjeuner près du puits du Plantillet. Départ, 12h15. Baraques des bà »cherons, 13h25 (dans la neige). Retour au Plantillet à 14h35. Cabane de Paloumère, 15h25 - 15 h 40. Col de Portet, 17 heures. Saint-Gaudens, 18 heures.
(Avril 1956)
2 avril. Départ Mourlon à 9 heures. Raymonde, Gicquel et moi, en 4CV. Delteil, Maurel et Vincent en FIAT. Col de Portet (café). Arrivée de Georges et Hubert Conrad en moto. La caravane monte au col de Paloumère, puis à la cabane (brouillard). Les Marseillais repartent pour le col de Portet deuxième voyage de matériel) pendant qu’avec Delteil d’abord, puis avec Raymonde, je cherche dans le brouillard le sentier de la cabane du Touch. Enfin, je guide la caravane jusqu’à cette cabane (vent glacial) puis, à travers la Coume Houère, jusqu’aux cabanes des bà »cherons où nous installons le camp dans l’écurie des mulets. Cuisine, dîner et coucher à 21h30.
3 avril. Départ vers 9 heures. Plan de Gaule, sommet de Pène Blanque (déjeuner), Henne Morte, puits du Balcon et attente de Gicquel (qui est revenu à Pène Blanque pour sa lampe électrique). Retour schuss sur le camp. Cuisine (au feu de bois et fumée !). Veillée ; coucher à 23 heures.
4 avril. Delteil nous quitte et part avec Maurel et Hubert, qui vont au ravitaillement au col de Portet. G. Conrad, Gicquel et Vincent vont explorer la Coume Houère. Avec Raymonde, je cherche et retrouve le Sarrat dech’Méné, que nous fléchons. Déjeuner au camp.
L’après-midi, nous revenons au Sarrat avec les autres. Maurel y atteint notre terminus (avec Raoul et Maud) de 1950. Coucher à 23 heures. Grêle dans la nuit.
5 avril. À 9h30, je pars avec Raymonde, G. Conrad et Hubert Vincent pour la Coume Ouarnède. Chaos, effondrements, crevasses. Gouffre Robert obstrué par branchages et ouverture voisine bouchée par la neige. (Et qui deviendra le « gouffre Trombe  » en juillet 1956.) Conrad et Vincent réussissent à descendre dans le gouffre Robert à -50 (après être revenus au camp pour y prendre échelles et casse-croà »te). De là , ils vont à la cabane de Paloumère chercher des sacs pendant, qu’avec Raymonde, je rentre au camp. (Tunnel naturel et puits à 250 mètres au sud des barraques.) À 20h30, Conrad et Vincent rentrent après s’être égarés par mauvais temps. Il neige toute la nuit.
6 avril. Il neige. Lever à 6 heures. Feu. Je fais une cache de vivres dans le sol de l’ex-cuisine. Vers 10 heures, nous levons le camp tous les sept et repartons à la Coume Ouarnède où nous finissons par perdre le sentier sous la neige profonde. Brouillard. Avec Maurel, Gicquel et Raymonde, je marche à la boussole et finis par arriver à la cabane de Paloumère. Les autres finissent par nous rejoindre après avoir erré du côté de Peyraghila. Je fais deux voyages en 4CV, du col de Portet à Mourlon, pour rapatrier les Aixois. Les deux Conrad repartent directement pour Marseille, en moto.
(15 avril 1956)
Au col de Portet, avec Raymonde et Marie. Montée à petits pas au Tuc d’Haouerados. Vu quatre hommes sur le dôme du Crabère (à la lorgnette). Brouillard et pluie nous empêchent de revenir aux baraques de la Coume Houère. Nous déjeunons dans la cabane de las Haouerados et redescendons au col de Portet. Raymonde avec des plants de saxifrages. Marie très fatiguée.
(Juillet 1956)
6 juillet. À 18 heures au col de Portet. Je monte seul au col de Paloumère où j’attends Delteil qui arrive à 20h45. Installation et dîner dans la cabane de Paloumère. Très beau temps ; belle nuit.
7 juillet. Lever à 4h45. Beau. Nous allons stationner entre la cabane du Touch et le Plantillet où nous préparons deux feux. (Vaches curieuses). À 7h30, moteur d’avion. Nous allumons nos feux de chaque côté des deux draps que nous avons étendus sur le sol. L’avion Junker nous survole à deux reprises, à 15 mètres seulement. Ensuite, nous allons jusqu’aux baraques de Coume Nère, en traversant en diagonale Ouarnède. Cela nous fait aboutir au Sarrat dech’ Méné. Delteil découvre un trou souffleur non loin de là . Baraques, déjeuner. Sieste au bord du ruisseau. Retraversée de la Coume Houère par sentier qui nous mène de l’entrée de la grotte de Coume Nère à la prairie du Touech, au-dessus du Plantillet. Col de Portet vers 17 heures. Mourlon, 18 heures.
(19 aoà »t 1956)
Pour l’anniversaire de mes 59 ans, je monte à cette résurgence (8°) avec Raymonde.
(19 - 23 septembre 1956)
Avec Delteil. Déjeuner à Lourdes. À Pau, arrêt à l’EDF. Dîner et nuit chez Hondagneu.
20 septembre. À cheval, à Ligolèta. Delteil et Martin Elichalt, guide. Arrêt et descente dans puits du Chien (ou petit Utziapia). Installation dans la cabane de Ligolèta. Elichalt nous conduit aux puits explorés par Queffelec, l’été dernier (dont abîme vertical de 200 mètres). Nous voyons d’autres puits : en tout, treize. Orage en fin de journée. Cabane. Départ d’Elichalt. Cuisine ; repas avec Delteil. Orage encore. Mauvaise nuit à cause d’un café !
21 septembre. Lever, 7h30. Départ Ligolèta, 8h30. Contournant le karst, nous sondons des puits. Au puits 16, la corde se coince et Delteil doit revenir à la cabane pour y prendre une élektron. (NDLR : raccourci pour une échelle en élektron.) Fanion. Frontière. Incursion de 220 mètres dans le karst, jusqu’aux puits Iroutescia. Grands entonnoirs ; frontière espagnole. Traversée du karst. Au puits 5, je retrouve le couteau de Delteil, oublié la veille. Arête rocheuse sur Ehujarre. Vu quatre hommes au sommet du pic d’Arlas, à la lorgnette. Cabane à 18 heures. Cuisine (potage, tripes, épinards). Bonne nuit.
22 septembre. Départ à 9 heures. Longue incursion en territoire espagnol (entonnoirs, lapiaz). À proximité de La Pierre-Saint-Martin, nous faisons demi-tour précipitamment devant des carabiniers. Retour à Ligolèta par chemin neutre à 17h30. Coucher à 20h30 !
23 septembre. Nettoyage de la cabane. Départ à 8h15. Messe chantée à 11heures, à Sainte-Engrâce. Déjeuner interminable chez Hondagneu. Mourlon à 21 heures, après arrêt à Pau chez M. Boudet, ingénieur.
(28 octobre 1956)
Avec Raymonde, Delteil, Lépineux, Ravier et les Perpignanais. À midi, nous colorons un fort ruisseau sur le plateau. Tourmente de neige. Déjeuner à Bélesta. Puis, visite à la résurgence du Bléau, près de Puyvert (Robert Bonnaure). Cette expérience n’a pas donné de résultat.
(6 novembre 1956)
À 10h30, à Montesquieu-Avantès. Il était âgé de 93 ans. Allocution de Monseigneur Guiller, évêque de Pamiers. Inhumation dans le caveau du château d’Espas. Déjeuner avec la famille, avec Méroc, Estanove et Delteil. (NDLR : Le comte Napoléon-Henri Begouë n était un éminent préhistorien né à Châteauroux en 1863.)
(8 février 1957)
Profitant de la présence d’hommes-grenouilles au canal de la Gentille, j’effectue une plongée de quinze minutes, par 5 mètres d’eau, avec un Cousteau-Gagnan (sous-vêtement laine, gants laine et caoutchouc, cagoule laine). Prouveau, Puig et X. (Note de Gilberte Casteret : Jusqu’au bout... (60 ans !)
(03 - 04 mars 1957)
De l’hôtellerie de Sambreguède, où j’ai couché avec le Dr Fabre et Mme, nous allons avec Caylar et Poujol, à Soumont et Grandmont (abbaye) voir des dolmens et des pierres à capsules et auges.
Le 4, avec le docteur, nous montons sur le Causse du Larzac par le Pas de l’Escalette et allons jusqu’à Camp Rouch. Vu, au passage, les entrées des avens des Cats et de la Bastarde.
(22 juin 1957)
Départ du col de Portet à 6h10, avec Delteil. Brouillard, éclaircie sur la haute chaîne, puis brouillard. Arrivée au « camp 56  » vers 7h30. Je place les draps au sol. Delteil fait du feu, car nous sommes mouillés par une rosée abondante. À 8h30, nous entendons à deux reprises le moteur du Dakota du commandant Renai, mais nous sommes dans les nuages et il ne peut survoler le massif. Vers 9h30, nous allons jusqu’au Puits du Vent et à la dernière perte du ruisseau. (Elle est sèche.) Le ruisseau disparaît aujourd’hui à l’orée de la forêt. Repas et sommeil au camp 1956, jusqu’à midi. Déjeuner au col de Portet, au Chalet des Pyrénées.
Deuxième balisage (1er juillet 1957). Départ du col de Portet à 5h30, avec Delteil. « Camp 56  » à 7h10, après avoir erré dans le brouillard. Nous faisons un bon feu sous un gros hêtre, rive gauche du ruisseau. Le brouillard persiste et, à 9h30, nous sommes de retour au col de Portet. L’avion de Pau n’a pu décoller à cause du mauvais temps. Delteil me suit à Saint-Gaudens et déjeune à Mourlon.
Troisième balisage (3 juillet 1957). Col de Portet à 12h30. Je monte seul, par beau temps et soleil accablant. Je place les draps à 300 mètres en aval du Camp 1956 et rive gauche. Delteil arrive vers 14h45, suivi de Martin (du Chalet des Pyrénées). À 15h10, le Dakota fonce et nous survole trois fois, à 80 mètres. Retour au col. À 18 heures, je plonge dans le lac de Barbazan (saut périlleux). À Ouarnède, il y avait des nuages de taons... Le soir, à 19 heures, nous trouvons de Joly à Mourlon.
(23 septembre 1957)
En 4CV, avec Raymonde, Gattet et Georges Lauvray. La route touristique a été inaugurée le 21 dernier. Nous nous abritons à quelques abris sous roche. Rencontre de M. Ané, de Blajan, 73 ans, mon instituteur de Saint-Martory, en 1904-1905. Arrêt à la résurgence de la Hillière. Visite des fouilles de la villa gallo- romaine de Montmaurin où nous sommes reçus par Fouet.
(8 décembre 1957)
Messe et communion à 7 heures, avec Raymonde. Col de Portet à 9 heures. Camp de la Coume à 10h45. Neige profonde et brouillard sous l’Haouérados. Casse-croà »te au gouffre Raymonde. Au camp, 0,45 m de neige. Retour (soleil et vent) ; neige profonde.
(26 mars 1958)
Seul, au Tucol ; sommet à 13h15 (deux perdrix). J’étais parti de Saint-Gaudens à 9h15 et du col de Portet à 10h15. Trois entonnoirs tapissés de neige sur la crête du Tucol. Vu un porche de grotte vers Saleich. Le camp de la Ouarnède est sous la neige. Col de Portet à 14h50.
(18 mai 1958)
Col de Portet avec Raymonde. En une heure à la cabane de los Haouerados. Troupeau. (Mouton entravé dans sa corne !) Pas de l’Âne, très beau temps ; vue splendide sur la chaîne. Cap de Mourens, Tucol, Cornudère, Trou de l’église. Déjeuner, sieste ; bergers. Arrêt au Puits de Mourens.
FIN
Commentaire de Gilberte Casteret : Ici se terminent les relations de mon père en ce qui concerne ses sorties en montagne. Il avait donc 60 ans. Il a continué à faire des expéditions spéléologiques pendant plusieurs années encore, mais dans de toutes autres conditions, entouré et soutenu par des équipes de jeunes dont il partageait les goà »ts et les ambitions et qui savaient l’entourer et lui montrer une déférence amicale et profondément respectueuse. Je pense que, encore à cette époque, il a été heureux de conseiller son entourage dont il écoutait toujours les relations de leurs recherches avec beaucoup d’attention. Ce n’est qu’en approchant des 80 ans qu’il a été obligé de se retirer dans cette maison de Mourlon où il a vécu encore dix ans, à méditer ses souvenirs. Et, à cette période, je me suis rendue compte qu’il s’ennuyait beaucoup et j’en ai été navrée pour lui. Mais maintenant que je suis arrivée moi aussi au même stade, je vois bien que c’est notre sort commun à tous, et je ne peux que m’appliquer à moi-même ce que j’ai si souvent conseillé aux autres : « Mieux vaut en rire  » ...