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ANDORRE ABANDONNE SON PROJET D’AÉROPORT

Le 16 mars dernier le dossier d’un projet d’aéroport international à Grau Roig était remis au gouvernement andorran par la chambre de commerce et d’industrie d’Andorre.
La piste, implantée à 2000 mètres d’altitude, aurait une longueur de 1800 mètres pour 45 mètres de large, dimensions suffisantes pour permettre à des jets de 150 à 180 places – type Airbus A320 – de se poser, et le terminal serait dimensionné pour accueillir 360.000 passagers par an.
La chambre de commerce a mis en ligne une vidéo édifiante simulant un atterrissage d’un Airbus à Grau Roig : l’approche se ferait par le sud, et toute la principauté serait survolée, notamment la vallée du Valira qui concentre la majorité de la population ; l’avion aurait donc à se faufiler entre des montagnes escarpées au-dessus de zones habitées. La vidéo nous présente évidemment des conditions de beau temps estival, mais qu’en serait-il en hiver ou par mauvaise visibilité ?
La clientèle visée était clairement identifiée : « des voyageurs venant de loin pour faire de longs séjours avec un fort pouvoir d’achat. »
La localisation du projet en ce lieu a fait grincer beaucoup de dents sur place, à commencer par celles de Joan Viladomat, président de Grandvalira, qui a qualifié le projet « d’attentat contre le sens commun » car il estime que l’aéroport serait incompatible avec les toutes proches pistes du domaine skiable. De son côté, Andrail, plateforme andorrane pro-ferroviaire, a pointé le manque d’espace du site choisi et la violente transformation paysagère que celui-ci subirait.
Carles Iriarte, président de l’Association andorrane de protection des animaux, des plantes et de l’environnement, a déclaré : « Je refuse que notre patrimoine naturel soit mis à sac par une élite financière qui traverse la planète en avion pour venir skier ici deux jours ! »
D’autres naturalistes se sont inquiétés de l’avenir du Grand tétras ; selon Marc Mossol, « Il ne reste que deux mâles et deux femelles dans la zone. En hiver, ils se nourrissent d’épines de pins et de bois, et passent 80 % de leur temps sans bouger. Ils puisent constamment sur leurs réserves, donc respecter leur tranquillité est primordial. »
S’il ne faut se faire aucune illusion quant au sort du Grand tétras (que peuvent bien peser quelques oiseaux, même menacés, face à une clientèle à « fort pouvoir d’achat » ?), d’autres arguments ont abordé des questions délicates.
Certains craignaient une pollution du Valira, la rivière voisine. De plus, de nombreuses questions relatives aux répercussions collatérales du projet restaient sans réponse. Comment s’organiserait la gestion des résidus ? Quelle consommation d’énergie représenteraient les systèmes de dégivrage des pistes, indispensables à cette altitude (2000 mètres) ? Quelle quantité de gaz à effet de serre serait rejetée par les camions acheminant le kérosène depuis la France ou l’Espagne … ?
Côté français, les élus ont appris la nouvelle avec stupéfaction dans la presse locale. Agnès Langevine, vice-présidente de la région Occitanie, a déploré de n’avoir pas eu la moindre information ni le moindre échange avec la Principauté sur ce sujet.
Pour Michel Larive, député de l’Ariège, il s’agissait d’un projet aberrant, daté d’un autre siècle.
Par ailleurs, Claude Benet, ancien ministre andorran du commerce, du tourisme et de l’industrie, Fiona Mille, présidente de Mountain Wilderness – France, David Berrué, porte-parole du groupe EELV – Pyrénées catalanes, et Marcel Ricordeau, co-président du Comité Écologique Ariégeois (CEA) ont adressé à Xavier Espot Zamora, chef du gouvernement andorran, et aux deux co-princes, une lettre argumentée faisant état de leur opposition à ce projet.
On le voit, cet aéroport suscitait bien des interrogations.

Et puis, le couperet est tombé : les experts de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) ont estimé que la configuration du site n’offrait pas toutes les garanties de sécurité, notamment lors de l’atterrissage. En cas d’incident lors de cette phase, les pilotes n’auraient pas la certitude de pouvoir reprendre de l’altitude sans percuter la montagne, les sommets les plus proches (2800 m) se situant à moins de quatre kilomètres.

On ferme donc la boite à rêves et on retourne au réel : le gouvernement andorran, s’il tient absolument à une desserte aérienne, va tourner de nouveau ses regards vers la Seu d’Urgell où un aéroport a le mérite d’exister, et même de se préparer à l’ouverture de vols vers Madrid avec la compagnie Andorra Airlines. Son seul défaut est d’être situé à quelques kilomètres de la frontière, en Espagne ...






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