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Les Carnets de montagne de Norbert Casteret

PRÉSENTATION DES CARNETS








 Toute reproduction de ces carnets est interdite sans autorisation des ayants-droit


 
Pyrénées a publié dans ses numéros 271 (juillet 2017), 272 (octobre 2017), 273 (janvier 2018), 274 (avril 2018) et 276 (octobre 2018) de très larges extraits des Carnets de montagne de Norbert Casteret. La postérité a retenu de ce dernier essentiellement le spéléologue et l’écrivain. Pourtant, ce célèbre Commingeois était un pyrénéiste passionné qui, pendant toute sa vie, parcourut la chaîne d’un bout à l’autre en famille (avec sa mère, l’un de ses frères, sa femme et ses enfants) et avec des amis tels que Louis Robach ou Marcel Loubens, par exemple. De 1914 à 1958, il a immortalisé ses courses dans des Carnets qui n’ont jamais été publiés et ont été déposés au musée de Luchon, le 5 août 2011, par ses filles Maud, Raymonde et Gilberte. Cette dernière a retranscrit les manuscrits inédits de son père en y ajoutant quelques annotations personnelles ; en accord avec ses deux sœurs, elle les a mis à disposition de Pyrénées. C’est l’intégralité de ces Carnets, précédés d’une présentation de Gilberte Casteret et illustrés de quelques photos, que notre revue propose aujourd’hui à ses lecteurs sur son site internet. Nous y avons intégré les sorties et séjours au pic du Midi de Bigorre auxquels Norbert Casteret a consacré des relations indépendantes de ses Carnets proprement dits.

Nous exprimons notre grande reconnaissance à Gilberte Casteret qui a permis, à la fois la publication d’extraits des Carnets dans la revue papier, et la mise en ligne de cette intégrale sur notre site.

Un très grand merci également à Jean-Paul Chaintrier qui s’est beaucoup investi dans ce travail.

La rédaction

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Les Carnets de montagne de Norbert Casteret sont consultables au musée de Luchon
(Photo JP Ch.)
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Lors du dépôt des Carnets de son père au musée de Luchon, le 5 août 2011, Gilberte Casteret a expliqué à l’assistance le sens de ce legs ; au premier rang, ses deux sœurs Raymonde et Maud (Photo JP Ch.)

« Mon père n’était pas qu’un spéléologue »
 
En 2017, on a célébré à la fois le 120e anniversaire de la naissance de mon père et le trentième anniversaire de sa mort. Norbert Casteret (N.C. dans ce texte de présentation ainsi que dans les notes que j’ai ajoutées dans les Carnets proprement dits) est né en effet le 19 août 1897 à Saint-Martory (Haute-Garonne), et il est décédé à Toulouse le 20 juillet 1987. Révélé en tant que spéléologue, il fut également un grand sportif, un grand savant, un préhistorien, un naturaliste, un observateur de la nature, un conférencier et un écrivain. Très connu dans toutes sortes de milieux, il était pourtant très simple et savait rire de lui-même, et même des autres à l’occasion, mais toujours sans méchanceté ni aigreur.
Il m’est impossible de m’étendre sur sa vie et ses aventures, lesquelles n’ont pas été que souterraines. Car mon père n’a pas été que spéléologue, ce que beaucoup de gens ignorent. Il a aussi été montagnard, marcheur infatigable, entouré de sa petite équipe familiale : sa mère, Esther, qui s’est mise à la montagne à 56 ans (à l’inverse de beaucoup d’autres qui s’arrêtent justement à cet âge-là) et était aussi bonne marcheuse que son fils ; sa femme, Élisabeth ; son frère Martial ; et, plus tard, ses cinq enfants, Raoul, Maud, moi-même (Gilberte), Raymonde et Marie. Peu de sommets de ses chères Pyrénées lui ont échappé.
N.C. a donc été un grand sportif. Encouragés par leur père (Henry Casteret), lui et ses frères ont pratiqué toutes les disciplines sportives, les unes après les autres : dans l’appartement de Toulouse où la famille Casteret a habité pendant les années d’études des trois garçons, leur père avait fait installer au-dessus des lits -faute de place- des anneaux où ils se livraient à mille acrobaties amusantes. Pendant les vacances scolaires, de retour à Saint-Martory (à la Toussaint, à Pâques et tout l’été), N.C. et ses frères ne reparaissaient à domicile que pour les repas. Les journées ne leur suffisaient pas pour pratiquer, en bande, les activités sportives. Le pôle central d’activité était la Garonne, qui coulait à cinquante mètres de leur maison. Natation, plongée, plongeon, périssoire, courses sur les galets, tout était sujet à comparaison et à compétition. Parallèlement, il y avait les courses à pied, vitesse et fond (1500 mètres, 5000 mètres, 10 000 mètres).
De 1915 à 1919, N.C. connut un autre « sport » moins agréable, celui des tranchées : le « camping » intégral, les courses d’obstacles de l’agent de liaison, l’équitation, l’escalade dans les arbres (ou des squelettes d’arbres) pour y accrocher ses fils téléphoniques.
De retour de la guerre, pendant ses études de notariat, il s’investit dans la natation, en particulier dans le plongeon qui lui valut un titre de champion des Pyrénées. Il possédait quatre techniques de plongeon : droit, suédois, à la hussarde et le saut de l’ange où il excellait. Un dimanche d’hiver, à Toulouse, il s’élança du pont suspendu de Saint-Cyprien (qui n’existe plus) : 11 mètres ! Membre du Stade toulousain, fervent de football, il fut gardien de but et capitaine de l’équipe première.
N.C. était passionné d’athlétisme. Il pratiqua toutes les disciplines en compétition : le saut en hauteur et en longueur, avec élan et sans élan ; le saut périlleux ; le saut à la perche qui lui valut un titre de champion des Pyrénées ; le lancer de poids (main droite et main gauche) ; dans le domaine de la course à pied, il s’aligna sur des épreuves de vitesse et de relais et fut champion des Pyrénées de 110 mètres haies. Il affectionnait l’acrobatie (par exemple, marcher sur les mains) et la gymnastique : les anneaux, le trapèze, les barres parallèles, la voltige au cheval d’arçon et autres sports de salle. Il faisait également du ski, bien sûr, et fut champion des Pyrénées de saut ; en 1923, à Superbagnères, il prit son élan, dévala le tremplin, très « pentu », et accomplit un saut de 17 mètres ; à la réception, il plongea dans la neige molle de la piste (non damée...) et se cassa une jambe !

« Il notait tout ce qui lui arrivait »

En dehors de ses expéditions et explorations, mon père passa sa vie à écrire. D’abord les textes de ses conférences, qui constituaient son gagne-pain ; mais il ne traitait que des grottes, parce que ce sujet lui attirait un auditoire qui lui permit de subvenir aux besoins de sa famille ; c’est pour cette raison qu’il ne fit aucune conférence sur la montagne. Ensuite des livres (trente-et-un ouvrages) et une quantité d’articles pour les journaux et les revues les plus divers. Toujours assis à la grande table de son bureau, où nous, ses enfants, faisions aussi nos devoirs, il écrivait sans cesse et, de temps en temps, pour se détendre, il se levait et allait tirer quelques fléchettes sur une cible accrochée au mur.
Cet infatigable et patient observateur de la nature, cette véritable encyclopédie ambulante, cet authentique savant qu’était mon père notait soigneusement tout ce qui lui arrivait : ses sorties, ses explorations, ses ascensions. Je n’ai donc pas eu de peine à les répertorier. Les premiers de ses récits ne sont pas datés, mais ils commencent obligatoirement avant 1914, puisque N.C. s’est engagé en 1915. Il devait donc être âgé d’environ 15 ou 16 ans quand il a commencé ses équipées montagnardes. Je livre ces modestes relations aux lecteurs de la revue Pyrénées en espérant ainsi contribuer à rappeler mon père à leur souvenir et à le leur faire connaître sous un jour différent de celui de l’obscurité des cavernes.

Gilberte Casteret

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Norbert Casteret dans sa bibliothèque s’appuyant sur la pile de livres dont il est l’auteur.
(Collection Casteret)






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